Dossier / Chiffres de l'ESS

Qui sont les exclus du numérique ?

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Les chiffres disponibles en 2017 confirment ce qu’écrivait déjà en 2014 Valérie Peugeot, chercheuse et présidente de l’association Vecam dans La tribune Fonda : « Il y a ne serait-ce que dix ans, ne pas avoir d’accès à Internet était un handicap tout à fait surmontable ; aujourd’hui, c’est devenu un facteur de marginalisation accélérée : chercher un emploi, accéder à ses droits, mener des démarches administratives ne peuvent, pour l’essentiel, plus se mener sans numérique ». Or les plus fragiles socialement en ont encore plus besoin que les autres. « La privation de numérique devient alors la source d’une double voire triple peine, car ce sont le plus souvent les plus démunis – économiquement, mais aussi en capital culturel, social – qui se retrouvent dans cette situation. 1 »

41% des ménages pauvres s’estiment « déconnectés »

5 millions de Français cumulent fragilité numérique et fragilité sociale.2

41% des ménages à bas revenus (moins de 1500 euros par mois) s’estiment « déconnectés », c’est-à-dire exclus du numérique, alors que sur l’ensemble de la population française, ils ne sont que 20 % à se considérer comme tels 3.

21% des personnes souffrant d’un handicap ou d’une maladie chronique n’ont pas Internet à domicile, contre 15 % pour l’ensemble de la population française 4.

7,5 millions de personnes, en grande majorité dans les zones rurales, sont inéligibles à un Internet de qualité en raison de leur emplacement géographique 5.

En France, 78% de ceux qui n’utilisent pas Internet ont plus de 60 ans 6.

Il n’y a plus de séparation tranchée entre inclus et exclus du numérique

20% des usagers des services publics déclarent rencontrer des difficultés « pour accomplir des démarches administratives courantes ». Cette part s’élève à 27% chez ceux qui n'ont pas accès à internet 7.

De fait, la fracture numérique n’a pas disparu en 2017. Mais selon Denis Pansu, responsable de « l’open innovation » au sein de la FING (Fondation Internet nouvelle génération) et coordinateur de la fondation Afnic pour la solidarité numérique, elle a évolué d’une façon impossible à saisir par des chiffres : « L’idée d’une séparation tranchée entre inclus et exclus du numérique ne correspond plus à la réalité. Il y a des jeunes, en Afrique ou en Amérique du Sud, qui vivent dans les pires conditions, sans aucun accès direct à Internet, et qui pourtant arrivent à gagner 25 dollars par mois grâce à leur blog et à la maîtrise du système publicitaire de Google. À l’inverse, j’ai rencontré à Paris, lors d’une formation d’un conseil de quartier, une femme trentenaire, avec un smartphone dernier cri et une connexion haut débit, qui ne savait pas ouvrir plusieurs fenêtres à la fois sur ses écrans, et qui ne comprenait pas ce concept de multifenêtrage. D’un point de vue statistique, elle faisait partie des “inclus”, alors même que la vérité de ses usages l’excluait d’un grand nombre de pratiques majeures du numérique. »