Depuis 1997, la fédération des Paniers de la mer œuvre à la requalification de personnes éloignées de l’emploi. Dans ses quatre ateliers, elle forme des salariés aux métiers du mareyage et au recyclage des invendus de la pêche. Les produits reconditionnés sont proposés contre une somme symbolique à des associations ou à des banques alimentaires. Une manière de concilier formation professionnelle et lutte contre l’exclusion.
La fédération des Paniers de la mer a le vent en poupe. Elle vient d’ouvrir son quatrième atelier à Lorient début 2016. La structure bretonne mène en effet une action sur deux fronts : le chômage et le gaspillage. Son credo : la formation professionnelle aux métiers du mareyage et de l’agroalimentaire. Mais ce premier pas vers le retour à l’emploi s’accompagne d’une démarche solidaire : les bénéficiaires de cette formation gratuite retravaillent, reconditionnent les invendus et rebuts de la pêche, donnés ensuite à des associations caritatives.
Et ils deviennent fileteurs ou fileteuses, écailleurs, mareyeuses…
« Fileteur, écailleur ou mareyeur » : depuis 1997, 1 500 demandeurs d’emploi apprennent ces métiers dans les ateliers des Paniers de la mer. Et 60 % ont trouvé un travail après leur formation. Un succès lié à la formule mise en place. Six mois durant, 51 apprentis payés au Smic sous contrat à durée déterminée d’insertion (CDDI) travaillent 26 heures hebdomadaires. Suivi par un encadrant technique et un travailleur social, chaque élève alterne cours, stages en entreprises et simulations d’entretiens d’embauche. Un dispositif qui s’appuie sur le financement par l'État via la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi) et les conseils départementaux. Les frais de formation sont pris en charge par l’Accompagnement socioprofessionnel (ASP). Un revenu complété par les donations et contributions solidaires fournies par des organismes bénéficiaires des produits transformés.
Des réponses pour tous les âges, toutes les situations
De fait, cette formule semble répondre à la diversité des besoins, du jeune de 18 ans sans formation à la sexagénaire sans emploi depuis des années. Il y même eu un Bac + 10 parmi les bénéficiaires. Tous ont, avant la formation, une chance réduite de trouver un emploi… mais l’envie de s’en sortir. À l’image de Marie-Thérèse, désormais mareyeuse.
En dépit de solides compétences techniques, cette Bretonne se heurtait au mur du refus. Trop âgée. « À plus de 55 ans, ses chances initiales d’embauche étaient faibles », confie Hélène Rochet, la directrice de la fédération des Paniers de la mer. Cette association l’a donc prise en charge, histoire de « l'aider à changer le regard des entreprises sur son profil ». Au terme de la formation, Marie-Thérèse a décroché des missions de longue durée dans une entreprise de mareyage spécialisée. Un premier succès.
« Cependant, parce que les prises en mer diminuent, les invendus de la mer pourraient bien disparaître », reprend Hélène Rochet, tout en admettant que ce n’est pas le sujet. Le cœur de son métier, c’est l’insertion professionnelle. Et les Paniers de la mer sont un moyen pour y parvenir. Voilà pourquoi ils ont d’ores et déjà anticipé ce changement. Aujourd’hui, ils forment des mareyeurs, demain ils accompagneront des cultivateurs d’algues. « Nous mettons au point la culture de la spiruline, une micro-algue connue pour ses vertus nutritionnelles, conclut la directrice. C’est la preuve qu’un chantier d’insertion peut faire avancer la recherche et s’adapter aux besoins des individus. C’est ça l’économie sociale et solidaire. »
Liens
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2 000 tonnes de poissons transformés, 1 500 demandeurs d’emploi formés, 4 ateliers