Facile à lire et à comprendre... par tous !

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Le FALC, le langage « facile à lire et à comprendre », est développé en France par l'association Les Papillons Blancs, qui en a fait un outil d'inclusion pour des personnes porteuses de handicap, et plus largement pour tous. Mais c’est également, pour l’association qui fait elle-même travailler des personnes vivant avec un handicap intellectuel, une source de revenus.

« Nous avons tous le droit d'être accueillis dans un établissement sans faire de différence. » Voilà un exemple de phrase en français « F.A.L.C. » (facile à lire et à comprendre), effectivement compréhensible par tous. Traduire les documents administratifs, les guides touristiques et autres brochures destinées au public en FALC, est l'une des nombreuses missions de l'association Les Papillons Blancs.

Les Papillons Blancs-Dunkerque gère un E.S.A.T., Établissement et service d'aide par le travail, accueillant plus de 300 personnes vivant avec un handicap intellectuel. Il s'agit de l'un des plus grands en France. Dès 2007, s'est posée la question de rendre la documentation compréhensible par tous en interne. Il fallait garantir à tous les utilisateurs de l'E.S.A.T l'accès à l'information. L'association s'est donc engagée à concevoir, avec l'aide d'autres partenaires européens, un langage universel déclinable dans toutes les langues, le FALC, ou « Easy to Read » en anglais.

Ce langage, officiellement né en 2009, est soutenu par les institutions européennes qui tentent de l'imposer à travers le continent. Répandu au Royaume-Uni et en Belgique, il reste encore peu connu en France, même si son utilisation est en plein essor dans notre pays. Le FALC obéit à cinq règles principales : l'utilisation de mots d'usage courant, l'emploi de phrases courtes, l'intégration de pictogrammes au texte, une mise en page claire avec une typo simple ainsi que des lettres en minuscule ; et pour finir, un message qui va à l'essentiel.

Un développement quasi-illimité pour le FALC

L'opportunité de créer une structure permettant à la fois de répondre à la problématique de départ et de venir en aide à un public plus large fut vite saisie, sans oublier le potentiel inclusif voire commercial qui en découle. N'oublions pas que la mission première d'un ESAT est l'inclusion de personnes déficientes par le travail. L'atelier FALC des Papillons Blancs-Dunkerque voit donc le jour en septembre 2013. Le premier du genre dans l'Hexagone. Après dix-huit mois d'expérimentation et d'ajustement, le modèle actuel est pérennisé en mars 2015. « Dès le départ, nous avons associé nos travailleurs ESAT à la mise en place de cet atelier », explique Émilie Beele, monitrice de l'atelier FALC. L'équipe actuelle se compose de deux encadrants, cinq travailleurs ESAT à temps plein et cinq autres en temps partiel à raison de quelques heures par semaine.

Les clients de cette unité de production de documents simplifiés sont assez hétéroclites. On y trouve le Pôle Emploi pour son guide du demandeur d'emploi, le musée de l'Homme à Paris, la marque Electrolux pour ses modes d'emploi ou des hôpitaux de la région des Hauts de France. Ce n'est qu'un début : les perspectives de développement sont quasi illimitées, quand on sait que la loi du 11 février 2005 oblige les établissements ayant dans leurs mission l’accueil du public… d'être justement accessibles à tous les publics à même de parler le français, sans exception, ce qui inclus en particulier les personnes vivant avec un handicap intellectuel.

Inclusif et rentable

Après quatre ans d'existence, le projet a une vraie dynamique. « Je me sens enfin utile à la société. Je prends énormément de plaisir à le faire. De plus, j'acquière de nouvelles connaissances dans plein de domaines, notamment quand je traduis des brochures pour les musées. J'adore l'histoire de France », confie Freddy, l'un des travailleurs à temps plein. Mieux : cette méthode destinée à une communauté spécifique s'avère vite réappropriée par d'autres ; les productions bénéficient par conséquent à un public de plus en plus large. Le FALC peut faciliter la lecture de personnes dyslexiques, malvoyantes, étrangères et maîtrisant mal la langue, de personnes âgées ou d'enfants du primaire.

Côté finances, l'atelier est rentable. Les fonds proviennent, d'une part de subventions et aides d'État, de l'autre des ventes faites auprès de leurs clients, de plus en plus nombreux même si la concurrence pointe le bout de son nez. Il existe actuellement deux autres ateliers de ce type en France. L'un dans la Drôme et l'autre dans les Yvelines. « La participation au Prix Fondation Cognacq-Jay en décembre 2016 a été un sacré booster », explique Émilie Beele. Les Papillons Blancs-Dunkerque fut l'un des lauréats dans la catégorie « Accélération ». La dotation de 12 000 euros a permis l'acquisition de quatre nouveaux ordinateurs. Quant à l'accompagnement, fourni par la fondation, cela a aidé l'association à se professionnaliser, notamment en ce qui concerne la production de leurs documents de communication utiles au démarchage de nouveaux clients. « Nous avons fière allure dans les salons professionnels », ajoute Émilie. Et les projets sont nombreux, à l’instar du doublement de l'équipe de l'atelier FALC, ou la traduction de matériels multimédias et de livres afin de rendre la littérature également accessible au plus grand nombre. Facile à lire et à comprendre apporte une nouvelle dimension, grand public, à cette notion essentielle d’accessibilité.

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